Aujourd’hui, un événement très attendu se produit : la sortie de l’essai ‘Buffy ou la Révolte à Coups de Pieu’ de Marion Olité, publié par les éditions Playlist Society.

Dans cet ouvrage, l’auteure explore de manière approfondie diverses réflexions passionnantes liées au féminisme et à l’impact positif de la série à travers le monde. Parmi les thèmes abordés, nous découvrons notamment le symbolisme de la réappropriation du pouvoir par les femmes, ainsi que la notion de collectif et de partage du pouvoir.

Nous vous invitons à plonger dans cet essai captivant, qui offre un regard unique sur ‘Buffy contre les vampires’ et son influence. Pour en savoir plus sur cette sortie exceptionnelle, retrouvez toutes les informations ci-dessous :

À l’occasion de la sortie de ce livre tant attendu, l’auteure a aimablement accepté de répondre à quelques questions. Elle partage son parcours, son univers, mais surtout sa passion pour ‘Buffy contre les vampires’ dans une interview exclusive que nous vous invitons à découvrir sans plus tarder :

Sunnydale Revival : Pourriez-vous nous en dire davantage sur vous-même ? Comment est née votre passion pour la série et comment l’avez-vous découverte ?

Marion Olité : Bien sûr ! Je suis journaliste culture depuis une dizaine d’années. J’ai été rédactrice en cheffe de Biiinge, la verticale séries de Konbini, entre 2015 et 2022. Depuis, je travaille en indépendante pour des médias comme Têtu·, Madmoizelle ou ELLE. Pour la deuxième question, Buffy est une série fondatrice pour moi. Je l’ai découverte pré-adolescente, sur M6. J’avais 14 ans. A cette époque-là, on combat beaucoup de démons et on découvre les premières fois. La seule différence entre Buffy et moi, c’est que les démons combattus n’étaient plus métaphoriques dans la série ! J’ai adoré. Cette série relevait de la catharsis pour moi. Qui n’a jamais rêvé d’avoir la bonne répartie ou la force physique adéquate pour répondre de façon magistrale à ses harceleurs ? Et puis pour une fois, c’est un personnage féminin, une petite blonde frêle, qui prenait le pouvoir. On sous-estime toujours le pouvoir de l’identification, de la représentation.

Je suis devenue fan, aussi parce qu’il y avait dans Buffy quelque chose de l’ordre d’un manuel de vie. Quelles valeurs sont importantes dans une existence humaine ? L’honnêteté, la bienveillance, l’inclusion, l’amour sous toutes ses formes… Que faire quand on déconne (et ça arrive, forcément) ? Il y a tellement de choses dans cette série. Buffy, c’est la vie.

« Je suis devenue fan, aussi parce qu’il y avait dans Buffy quelque chose de l’ordre d’un manuel de vie. Quelles valeurs sont importantes dans une existence humaine ? L’honnêteté, la bienveillance, l’inclusion, l’amour sous toutes ses formes… Que faire quand on déconne (et ça arrive, forcément) ? Il y a tellement de choses dans cette série. Buffy, c’est la vie. »

Marion Olité

SR: Tout en évitant de dévoiler des éléments clés, seriez-vous en mesure de nous offrir un aperçu des thèmes que vous abordez dans votre essai ?

MO : Dans cet essai, centré sur la thématique du pouvoir, j’avais envie de détricoter tout ce qui fait de Buffy une série unique et pertinente de nos jours, plus de 25 ans après sa diffusion originale, avec un angle féministe. La première partie, intitulée “Renverser le pouvoir” décrypte la façon dont la série s’attaque à toutes les formes de dominations, en particulier le patriarcat, à travers la figure désacralisée du vampire. La façon dont elle joue avec les stéréotypes de genre, en choisissant d’empouvoirer un archétype des films d’horreur, “la blonde superficielle” qui se fait trucider à chaque fois. Et comment elle le fait : en mélangeant les genres (horreur, drame, comédie, fantastique…) avec dextérité.

La deuxième partie de l’essai, intitulée “Partager le pouvoir” s’intéresse aux bienfaits du collectif, aux valeurs nourries par le Scooby-Gang. C’est la réponse de la série à la grande question : comment gérer le pouvoir, par essence corruptible ? En le partageant, comme le fait Buffy dans la saison 7. Il est aussi question de sororité et comment au final, elle est la clé de tout. J’insiste sur l’héritage de la série, une des rares mythologies de pop culture, à portée universelle, et qui prend un visage féminin. On en manque toujours aujourd’hui.

SR : Qu’est-ce qui vous a incité à entreprendre cette analyse approfondie de l’univers de Buffy contre les vampires ?

MO : J’avais envie d’écrire un essai. En 2020, quand j’ai rencontré Benjamin Fogel, éditeur à Playlist Society, on a eu envie de bosser ensemble. Buffy s’est rapidement imposée à moi. Avec Dawson, elle tient une place à part dans ma construction personnelle. Il se trouve aussi qu’on a vécu un changement de paradigme avec les mouvements Me Too et Black Lives Matter. On reparlait beaucoup d’empowerment et de figures de “femmes fortes”. Force est de constater que Buffy a imprégné l’inconscient collectif de toute une génération. Les ados qui regardaient la série ont maintenant 30/40 ans et ils sont désormais en mesure de réfléchir à ce qui les a construits. Je n’ai plus 15 ans, je regarde la série différemment. J’avais envie de me replonger dans Buffy, avec déjà toutes les connaissances accumulées sur le sujet, et d’analyser ses forces et ses limites aujourd’hui. Et puis le Covid est arrivé, avec ses airs de fin du monde, et une nouvelle fois, tout le monde s’est mis à binge-watcher Buffy ! 

Enfin, je ne pouvais faire l’économie de l’affaire Joss Whedon (les révélations concernant le comportement toxique de Joss Whedon sur le plateau de tournage de Buffy). Elles sont survenues alors que j’entamais l’écriture de la deuxième partie de mon livre et m’ont profondément bouleversée. Comment continuer à écrire sur une série qui célèbre l’empouvoirement des femmes, alors que son créateur faisait le contraire en coulisses ? J’ai suivi les réactions des fans, mes propres sentiments… Et j’ai continué. Cette affaire a même éclairé l’œuvre. Buffy est une série sur le pouvoir et les double-visages, écrite par une personne qui n’a visiblement pas su gérer le sien.

« La série m’a transmis des valeurs – l’attention portée à l’autre, la communication, l’écoute avant le jugement, ne pas avoir peur de prendre des décisions, savoir s’excuser et pardonner… – auxquelles je crois toujours aujourd’hui. Buffy a été une boussole morale pour moi. »

Marion Olité

SR : À votre avis, la série continue-t-elle à explorer des thématiques pertinentes en lien avec la société actuelle ?

MO : Oui, c’est ce qui en fait un chef-d’œuvre. Buffy est une série de la fin des années 90, qui se montre à la fois limitée par son époque (j’analyse par exemple le traitement problématique du personnage de la Tueuse noire Kendra) ou au contraire aborde des sujets précurseurs de la quatrième vague féministe, comme les violences conugales (dans les histoires d’amour de Buffy et d’autres personnages) ou la notion de sororité. C’est aussi une série universelle, qui pose la question du vivre ensemble en des temps apocalyptiques. Et forcément, ça nous parle. A la fin des années 90, on avait peur du tournant de l’an 2000 et on vivait les débuts du numérique. En 2023, on vient de vivre une épidémie mondiale et on tente d’éviter une apocalypse écologique. Enfin, il y a cette expérience universelle qu’est l’adolescence, à chaque fois différente selon les époques et toujours un peu la même. Le réalisme émotionnel de Buffy n’a pas pris une ride. Un·e ado de nos jours rira face aux effets spéciaux de la saison 1, avant de tomber accro en saison 2 !

SR : Si vous deviez sélectionner un épisode et un personnage ayant eu un impact significatif sur vous au sein de la série, lesquels choisiriez-vous ?

MO : Je ne sais pas si un épisode en particulier a eu un impact sur moi. C’est plutôt de voir au fil des épisodes, comment Buffy et le Scooby-Gang aident leur prochain. C’est leur héroïsme du quotidien qui m’a marqué. La série m’a transmis des valeurs – l’attention portée à l’autre, la communication, l’écoute avant le jugement, ne pas avoir peur de prendre des décisions, savoir s’excuser et pardonner… – auxquelles je crois toujours aujourd’hui. Buffy a été une boussole morale pour moi.

L’épisode final si puissant, qui voit La Tueuse partager son pouvoir avec ses sœurs de combat, est aussi une des premières illustrations de sororité à laquelle j’ai été exposée. Il me donne toujours des frissons quand je le revois. Il y a quelque chose de si beau dans le partage du pouvoir. Je ne l’ai compris que bien des années plus tard, mais Buffy m’a inculqué des valeurs féministes. Et malgré le comportement de son showrunner, cet héritage perdure, grâce à ses actrices et ses fans qui se sont réappropriés la série. Buffy est un symbole d’émancipation. Comme toute grande œuvre, elle a échappé à son créateur et possède sa vie propre.

Côté personnage, parce qu’il est si bien écrit (ce qui est rare, en général le protagoniste principal est trop lisse), le personnage de Buffy Summers est souvent celui qu’on aime le plus. Je ne fais pas exception à la règle. Buffy était un role model pour moi. Mais je dois dire que Faith ne me laissait pas indifférente ! Ce personnage plus underground, codifié bisexuelle (un chapitre de mon essai lui est consacré) et pas toujours bien traité par les scénaristes, me parlait beaucoup. Une “bad girl” sommeille en moi (elle fut particulièrement éveillée durant mon adolescence !), alors j’ai une affection particulière pour elle.

« Mon essai donne de précieux arguments pour briller en soirée sur le sujet “pourquoi Buffy est la meilleure série du monde” ! Il leur permettra peut-être aussi d’aborder l’objet de leur affection différemment, de découvrir de nouvelles perspectives, in fine, j’espère, de se relancer dans un nouveau binge-watching !« 

Marion Olité

SR : Enfin, comment encourageriez-vous un fan de Buffy à lire votre essai ?

MO : Je pense qu’un ou une fan de Buffy aura toujours envie de lire un essai sur sa série préférée ! En tout cas, c’est mon cas. J’en ai lu un paquet avant d’écrire le mien. Mais si je devais “vendre” mon essai, je dirai qu’il donne de précieux arguments pour briller en soirée sur le sujet “pourquoi Buffy est la meilleure série du monde” ! Il leur permettra peut-être aussi d’aborder l’objet de leur affection différemment, de découvrir de nouvelles perspectives, in fine, j’espère, de se relancer dans un nouveau binge-watching !

Nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude envers Marion Olité et Benjamin Fogel, des éditions Playlist Society, pour leur amabilité et leur bienveillance. Nous espérons que cette interview suscitera votre intérêt pour « Buffy ou la Révolte à Coups de Pieu » et que vous prendrez plaisir à découvrir cet essai qui marque l’arrivée des Buffy Studies en France.